10 - La Marche

10. LIU / LA MARCHE


10. LIU / LA MARCHE En haut K'IEN LE CRÉATEUR, LE CIEL ——— ——— ——— — — ——— ——— En bas TOUEI LE JOYEUX, LE LAC La marche signifie tout d'abord la façon correcte de se conduire. En haut se trouve le ciel, le père ; en bas, le lac, la plus jeune fille. Ainsi est indiquée la distinction entre le haut et le bas et la manière dont elle est à la base de la tranquillité, de la conduite correcte dans la société. Marcher veut dire littéralement : "appuyer le pied sur" 17. Le petit, "le joyeux", prend appui sur le grand, le fort. Les deux trigrammes traduisent un mouvementvers le haut. Que le fort marche sur le faible, c'est là quelque chose qui va de soi ; c'est pourquoi le Livre des Transformations n'en fait pas demention spéciale. Que le faible se place contre le fort, cela n'est pasdangereux, parce que la chose se passe dans la sérénité, sans arrogance, si bien que le fort n'est pas irrité et le prend en bonne part.

Le jugement MARCHER sur la queue du tigre. Il ne mord pas l'homme. Succès. La situation est réellement difficile. La plus grande force et la plus grande faiblesse sont immédiatement en contact. Le faible suit le fort de près et lui donne du fil à retordre. Mais le fort prend bien la chose et ne lui fait aucun mal, car le contact est joyeux et non blessant. 17 Le nom allemand de l'hexagramme "Auftreten" est entendu au sens premier et étymologique "treten auf : appuyer le pied, marcher sur" (anglais : to tread on). On notera en outre qu' "auftreten", de même que Liu, signifie à la fois "marcher" et "se conduire". Cf. le français : démarche (N. d. T.).
La situation humaine ainsi décrite est celle où l'on a affaire à des hommes farouches et inaccessibles. Dans de tels cas, on parvient à son but si, dans sa démarche, on observe les bons usages. Des formes de conduite bonnes et agréables mènent au succès, même face à des hommes prompts à s'irriter.

L'image En haut le ciel, en bas le lac : figure de la MARCHE. Ainsi l'homme noble distingue le haut et le bas et affermit par là l'esprit du peuple. Le ciel et le lac manifestent une différence d'élévation qui provient de leur nature même et qu'aucune envie ne peut par conséquent troubler. Pareillement, il doit y avoir des différences d'élévation dans l'humanité. Une égalité générale est impossible à réaliser, mais il importe que les différences de niveau dans la société humaine ne soient pas arbitraires et injustes ; dans un tel cas en effet l'envie et la lutte des classes sont des conséquences inévitables. Par contre, lorsque les différences visibles sont justifiées par des titres intérieurs et que la valeur personnelle est la règle qui détermine le rang extérieur, les hommes trouvent le calme, et l'ordre s'établit dans la société.